“C’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.” Matthieu, 2, 18
Méditation sur le mystère du mal, en ce jour des Saints-Innocents, trois jours après Noël :
Saint Augustin nous a dépeint le saisissant tableau de cette horrible boucherie : “Les mères s’arrachaient les cheveux ; elles voulaient cacher leurs petits enfants, mais ces tendres créatures se trahissaient elles-mêmes ; elles ne savaient pas se taire, n’ayant pas appris à craindre. C’était un combat entre la mère et le bourreau ; l’un saisissait violemment sa proie, l’autre la retenait avec effort. La mère disait au bourreau : “Moi, te livrer mon enfant ! Mes entrailles lui ont donné la vie, et tu veux le briser contre la terre !” Une autre mère s’écriait : “Cruel, s’il y a une coupable, c’est moi ! Ou bien épargne mon fils, ou bien tue-moi avec lui !” Une voix se faisait entendre : “Qui cherchez-vous ? Vous tuez une multitude d’enfants pour vous débarrasser d’un seul, et Celui que vous cherchez vous échappe !” Et tandis que les cris des femmes formaient un mélange confus, le sacrifice des petits enfants était agréé du Ciel.
Saint Jean, dans son Apocalypse, nous montre les saints Innocents entourant le trône de l’Agneau parce qu’ils sont purs, et Le suivant partout où Il va. “Demanderez-vous, dit saint Bernard, pour quels mérites ces enfants ont été couronnés de la main de Dieu ? Demandez plutôt à Hérode pour quels crimes ils ont été cruellement massacrés. La bonté du Sauveur sera-t-elle vaincue par la barbarie d’Hérode ? Ce roi impie a pu mettre à mort des enfants innocents, et Jésus-Christ ne pourrait pas donner la vie éternelle à ceux qui ne sont morts qu’à cause de Lui ? Les yeux de l’homme ou de l’ange ne découvrent aucun mérite dans ces tendres créatures ; mais la grâce divine s’est plu à les enrichir”, aussi l’Église a-t-elle établi leur fête au plus tard dès le second siècle.