Une belle synthèse à méditer…
Catégorie : Actualités
Révision de la loi de bioéthique 2019 – Communiqué de Mgr Eric Aumonier
A partir du 24 septembre sera débattu à l’Assemblée Nationale le projet de révision de la loi de bioéthique. Les évêques de France, par la voix de Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques de France, de Mgr d’Ornellas, responsable pour les évêques de France des questions de bioéthique, et de Mgr Aupetit, archevêque de Paris, ont tenu à exprimer clairement leur opposition à plusieurs mesures de ce projet porté par le gouvernement[1]. Comme évêque de Versailles, je m’associe pleinement à leur déclaration et j’invite tous les catholiques du diocèse à en prendre connaissance, à s’en saisir et à la relayer autour d’eux.
En tant qu’évêques, nous devons éclairer les consciences, surtout quand la dignité des personnes est en jeu, en particulier celle des plus fragiles.
J’invite chacun, croyant ou non, à mesurer les graves transgressions portées par cette révision de la loi de bioéthique. Avertir sur leurs lourdes conséquences ne revient ni à juger, ni à condamner ceux qui y sont favorables ou qui y auraient recours. Rien ne nous empêchera de nous réjouir de toute vie naissante : toute nouvelle vie est une bonne nouvelle et un don de Dieu. Nous aurons toujours à cœur d’accueillir chaque personne, chaque famille telle qu’elle est et de l’accompagner dans ce qu’elle vit.
La procréation médicalement assistée (PMA), réservée jusqu’à présent aux couples homme-femme, pose de vraies difficultés éthiques[2] sur lesquelles l’Église s’est déjà prononcée avec clarté. Étendre cette possibilité aux couples de femmes ou à des femmes seules constituerait une nouvelle et grave transgression :
- au niveau de la filiation : le désir – certes sincère – des adultes passe avant le bien de l’enfant qui se voit imposer la privation de son père.
- au niveau de la médecine : on ne demande plus à celle-ci de soigner ou de réparer une pathologie – en l’occurrence l’infertilité d’un couple homme-femme – mais de répondre à l’injonction de satisfaire un désir individuel.
Lever le critère d’infertilité par la loi, accroître la technicisation de la procréation et la soumettre peu à peu à la loi du marché semble consacrer un droit à l’enfant et bientôt à l’enfant parfait. L’enfant risque de ne plus être reçu comme un don avec son caractère propre et ses fragilités, mais comme un dû.
L’argument de l’égalité invoqué pour justifier cette révision de loi ne tient pas. Le Conseil d’État l’a souligné[3]. Il ouvre inévitablement à la légalisation de la Gestation Pour Autrui (GPA) pour accéder demain au désir tout aussi sincère de couples d’hommes d’accéder à la parentalité.
Consacrer la « toute puissance » du désir individuel, parce qu’il serait sincère, ne peut que nous entraîner vers de nouvelles dérives et fragilise le bien commun. Nous avons besoin de repères structurants pour notre société, de repères qui protègent les plus faibles. Ce projet de loi les abîme encore un peu plus.
Apprenons à accueillir ensemble ces limites liées intimement à notre condition humaine. Elles nous rendent vulnérables et donc dépendants les uns des autres : elles sont un appel à la fraternité et au soutien mutuel. Elles nous invitent à rechercher d’autres chemins de dons et d’autres fécondités.
Au-delà de l’ouverture de la PMA, ce projet de loi comporte d’autres propositions aussi graves : la dérégulation accrue de la recherche sur l’embryon, (qui entraîne sa destruction), et la fragilisation des règles qui encadrent le recours au Diagnostic Pré-Implantatoire (DPI) ou le recours à l’Interruption Médicale de Grossesse (IMG). La tentation d’un eugénisme feutré est désormais bien présente. Un progrès technique est un véritable progrès s’il demeure réellement au service de l’homme et du bien commun.
Notre foi chrétienne ne nous fait pas délaisser les affaires de la Cité. Au contraire, le service du bien commun et la promotion de la dignité de la personne humaine sont au cœur de la vocation de tous. Aussi j’encourage tous les catholiques du diocèse de Versailles à se mobiliser et à s’engager dans ce sens si ce n’est déjà fait. Il ne me revient pas de définir la forme que cet engagement doit prendre. Cela appartient au discernement personnel. C’est justement la responsabilité et la liberté de chacun, comme chrétien et comme citoyen, d’inventer les façons concrètes les plus justes de promouvoir ce bien commun et de le défendre.
Il est important que chacun prenne le temps de se former, pour être capable d’expliquer aux amis, collègues, proches ce qui est en jeu dans cette loi et les raisons de notre opposition. Chacun se fera ainsi éveilleur de consciences, tout en veillant à former la sienne.
Il me semble enfin essentiel d’inviter nos élus à garantir les repères fondamentaux de notre société.
Mais au-delà du débat politique, il nous faut offrir toujours davantage le témoignage crédible de notre vie, de la vie de nos familles et de nos communautés, pour toucher les cœurs et les intelligences de ceux qui nous entourent. Nous servirons ainsi une véritable prise de conscience pour une « bioéthique globale[4] » (Pape François) qui doit nous apprendre un authentique respect de « toute la vie et de la vie de tous ». Une « écologie humaine intégrale [5] » qui prend soin de tout l’homme et de tout homme, en soulignant la primauté reconnue aux plus fragiles et aux plus pauvres.
La prière restant la source de la fécondité de tous nos engagements, j’invite aussi les catholiques du diocèse à prier avec ferveur pour que les digues qui demeurent tiennent encore, que se lèvent ceux qui reconstruiront celles déjà abattues, et que les consciences de nos gouvernants se laissent éclairer.
Nous ne cherchons pas une victoire politique, nous parlons et agissons pour les générations qui viennent, pour préserver ce qui doit demeurer, par fidélité à ce que nous sommes et avons reçu. Le Christ ne nous demande pas de « gagner » mais de servir. C’est notre seule motivation. Demain prouvera qu’il était important de ne pas y renoncer.
Monseigneur Eric Aumonier,
Évêque de Versailles pour les Yvelines
19 septembre 2019
[1] Revoir « Bioéthique : les positions de la Conférence des évêques de France » diffusée le 16/9/19
[2] Relire l’Instruction « Donum vitae » de 1987, publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
[3] « Le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes (….) Les couples formés d’un homme et d’une femme sont, au regard de la procréation, dans une situation différente de celle des couples de personnes de même sexe. » Décision n°421899, 28 septembre 2018
[4] Message à l’Académie Pontificale pour la Vie, 25 juin 2018
[5] Idem
Lois bioéthiques : l’appel de Mgr Centène
Le projet de loi bioéthique présenté au conseil des ministres en juillet dernier et adopté en commission spéciale est débattu à l’Assemblée nationale depuis le 24 septembre.
Ensemble ou séparément, les évêques de France se sont exprimés à plusieurs reprises sur ce sujet pour alerter sur les graves enjeux soulevés par ce projet de loi, notamment dans la déclaration Dignité de la Procréation publiée le 20 septembre 2018 par la Commission de bioéthique de la Conférence des évêques de France.
Cette déclaration, qui met en évidence les graves dérives civilisationnelles et anthropologiques de ce projet de loi, nous invite à prendre en considération plusieurs points essentiels :
- La procréation ne doit pas s’apparenter àune fabrication ni à une marchandisation ni à une instrumentalisation ;
- La procréation ne doit pas s’affranchir d’une relationintégrant toutes les dimensions de la personne ;
- La procréation ne doit pas être l’objet d’une volonté à tout prix mais le fruit du désir d’accueillir ;
- Il est urgent de travailler à un accompagnement respectueux des personnes en souffrance d’attente d’enfant.
- On ne saurait justifier ce projet de loi par un simple argument d’égalité : « l’invocation du seul argument de l’égalité ne peut justifier la demande de légalisation de l’AMP pour toutes les femmes »[1].
Ce projet de loi soulève plusieurs questions éthiques fondamentales : le devenir des embryons surnuméraires et le pouvoir du « projet parental », la question du recours à un tiers-donneur et l’anonymatdu don, les techniques de diagnostic et de sélection préimplantatoires, et ledéveloppement de l’eugénisme libéral qui en découle.
Il présente également un risque réel de marchandisation de la personne humaine, avec un impact fort sur la transformation de la mission de la médecine.
L’intérêt supérieur de l’enfant exige une référence paternelle : « L’institutionnalisation de l’absence paternelleconforterait socialement l’idée que la diminution des responsabilités du père, voireson éviction,n’estpas unproblème anthropologique, psychologique et social »[2].
En effet, c’est le droit à l’enfant, quelles qu’en soient les conséquences, qui fait irruption dans la législation au mépris du droit de l’enfant à naître d’un père et d’une mère tel qu’il est reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant dont la France est pourtant signataire.
Face à ce projet de loi se pose pour nous une question fondamentale : quelle civilisation voulons-nous ? Notre foi et notre raison éclairée par l’Esprit-Saint nous poussent à lutter pour défendre les plus pauvres, les plus faibles et les plus fragiles, à nous mobiliser pour défendre l’incroyable dignité que nous confère notre condition de personne créée à l’image de Dieu. Notre devoir est de témoigner de cette dignité.
Nous sommes tous invités à le faire, chacun avec les moyens de dialogue et d’interpellationqui sont les siens.
Il appartient aux fidèles laïcs d’animer les réalités temporelles à la lumière de la foi et de l’enseignement de l’Église. C’est à eux qu’il revient de choisir les moyens d’action qui leur paraissent les plus appropriés et de les mettre en œuvre dans le respect de chacun. Le service diocésain de la Pastorale de la Santé propose une réflexion sur les enjeux de la bioéthique. De leur côté les Associations Familiales Catholiques, dont les membres ont participé aux Etats Généraux de bioéthique, rencontré les parlementaires et tenté de sensibiliser l’opinion, appellent à participer à une manifestation le 6 octobre prochain. Vous pourrez trouver sur le site internet du diocèse (https://www.vannes.catholique.fr/tous-a-paris-le-6-octobre/) toutes les indications pour vous rendre à Paris le 6 octobre au départ des principales villes du département.
Raymond Centène
Evêque
de Vannes
[1]Déclaration Dignité de la Procréation, Commission de bioéthique de la Conférence des Evêques de France, article 48 page 14
[2]Déclaration Dignité de la Procréation, Commission de bioéthique de la Conférence des Evêques de France, article 36 page 10
Courage !
Lors de la rencontre du président du mouvement des Veillées pour la Vie et du Cardinal Sarah au Pardon de Notre Dame du Roncier à Josselin, le dimanche 8 septembre, le cardinal s’est exprimé au sujet de la demande de bénédiction pour les organisateurs de Veillées pour la Vie :
“Je vous confie à la Vierge Marie, à Notre Dame de la Vie, à Notre Dame de l’Eglise… Courage !”
Cardinal Sarah, Pardon de Notre Dame du Roncier le dimanche 8 décembre 2019
Un message d’encouragement qui fait écho à celui reçu quelques mois plus tôt : Merci Cardinal Sarah pour votre soutien à notre mission d’apôtre de l’évangile de la Vie !
Les mois de septembre et d’octobre sont deux mois très importants pour organiser cette veillée pour la Vie dans votre paroisse : n’hésitez-pas à en parler dès maintenant à votre curé pour prévoir la date du samedi 30 novembre 2019 dans l’agenda de votre paroisse… Un kit d’organisation est librement téléchargeable sur la première page de notre site avec des trames de veillées toutes faites, des textes de formation et de méditation…
Qui a dit ?
“Notre filiation devrait nous émerveiller. Elle nous donne notre place dans le monde, nous révèle le sens de notre existence. Le mépris et la sous-estimation du lien avec la mère, du lien avec le père, du lien gestationel est un mépris de notre profonde quête de sens…”
Belle fête de l’Assomption
Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, mais seulement chanter
Parce qu’on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée
En ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier
Et dans son épanouissement final,
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin
De sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes
La Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance
Et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme,
L’Eden de l’ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir
Les larmes accumulées,
Parce qu’il est midi,
Parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui,
Parce que vous êtes là pour toujours,
Simplement parce que vous êtes Marie,
Simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
Paul Claudel
Bonne fête des mères!
« Le plus beau chef-d’œuvre du cœur de Dieu est le cœur d’une mère. »
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Communiqué de Mgr Michel Aupetit à propos de la situation de M. Vincent Lambert
Paris, le 20 mai 2019.
Sommes-nous devenus de simples déchets ?
Si aujourd’hui je me permets de prendre la parole au sujet de ce qui est en train de se passer pour M. Vincent Lambert, c’est que son cas si particulier est emblématique de la société dans laquelle nous voulons vivre.
Tout d’abord, mon cœur de prêtre me porte à prier pour lui, soumis à tant de pressions, et dont la vie ne peut dépendre que de décisions qui lui échappent. Il y a quelques années, il a déjà subi un arrêt de l’alimentation et de l’hydratation auquel il a survécu de manière étonnante. Cet homme de 42 ans, traumatisé crânien lors d’un accident de la route est actuellement lourdement handicapé, tétraplégique et dépendant dans un lit au CHU de Reims. Son cas est tout proche de celui de Michaël Schumacher, traumatisé crânien avec de lourdes lésions cérébrales et, lui aussi, en état pauci relationnel. Malgré la célébrité de ce champion de Formule 1, les médias ne se sont pas emparés de son cas médical et il peut jouir de soins spécialisés très attentifs en milieu privé. Dans le cas précis de M. Vincent Lambert, on constate qu’il a les yeux ouverts, qu’il respire normalement, qu’il est dans un état stable, pas du tout en fin de vie. Il a besoin d’une aide-soignante et d’une infirmière qui assurent le nursing et le changement de position, d’un kinésithérapeute pour éviter les escarres. La nutrition et l’hydratation se font par gastrostomie ou par sonde nasogastrique.
La décision d’interrompre les soins de confort et de nutrition de base chez un patient handicapé s’oppose à la loi Léonetti. Il n’est pas mentionné qu’il présente de souffrance insupportable qui nécessite une sédation profonde sauf évidemment dans le cas où l’arrêt de l’hydratation par les médecins entraînerait la douleur cruelle de mourir de soif. Il ne s’agit pas d’une « obstination thérapeutique » puisque ce ne sont pas des soins curatifs d’une maladie incurable, mais simplement les soins corporels et nutritionnels de base que l’on doit aussi aux personnes âgées dépendantes, hémiplégiques, et aux bébés qui ne sont pas encore autonomes.
On cite à l’envi les pays moins-disant éthiques comme la Belgique ou les Pays-Bas. Force est de constater que dans ces pays il y a une anesthésie totale de la conscience. On entend des enfants parler de manière naturelle de l’euthanasie de leurs parents comme s’il s’agissait d’une éventualité normale. Un membre du gouvernement belge, assise en face de moi lors d’une rencontre chez M. le Président de la République, était très fière que son pays soit « en avance », comme elle disait. Pourquoi ne cite-t-on jamais les pays qui ont une plus haute conscience éthique, comme l’Allemagne ou l’Italie ? Il y a aujourd’hui un choix de civilisation très clair : soit nous considérons les êtres humains comme des robots fonctionnels qui peuvent être éliminés ou envoyés à la casse lorsqu’ils ne servent plus à rien, soit nous considérons que le propre de l’humanité se fonde, non sur l’utilité d’une vie, mais sur la qualité des relations entre les personnes qui révèlent l’amour. N’est-ce pas ainsi que cela se passe lorsqu’une maman se penche de manière élective vers celui de ses enfants qui souffre ou qui est plus fragile ? C’est le choix devant lequel nous nous trouvons. Le Christ nous a révélé la seule manière de grandir en humanité : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Et il nous a donné la seule manière d’exprimer cet amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Une fois de plus nous sommes confrontés à un choix décisif : la civilisation du déchet ou la civilisation de l’amour.
+Michel Aupetit
Archevêque de Paris