La défense de la vie est, disait le Pape François à l’occasion de la 43e Journée pour la vie, « un devoir absolu qui se réalise dans une multiplicité d’actions et engage tous les citoyens [car] la vérité du bien de la vie est une valeur humaine et civile, et comme telle, elle demande à être reconnue par toutes les personnes de bonne volonté » (discours du 2 février 2019).
« L’Évangile de la vie se trouve au cœur du message de Jésus. Reçu chaque jour par l’Église avec amour, il doit être annoncé avec courage et fidélité, comme une bonne nouvelle pour les hommes de toute époque et de toute culture » : ainsi commençait l’encyclique consacrée à la valeur et à l’inviolabilité de la vie humaine du saint pape Jean-Paul II (1995). C’est en transmettant intégralement et fidèlement le message du Christ que les chrétiens constituent « le sel de la terre » (Mt 5, 13). Édulcorer l’Évangile, c’est malheureusement en trahir l’exigence, c’est affadir sa substance, transformer le sel en sucre.
Chers Veilleurs, « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14) ! La lumière que constituent vos Veillées pour la vie est à l’image de la veilleuse du tabernacle. La lampe rouge, point de chaleur de nos églises qui se consume à l’ombre du tabernacle, ne sert pas tant à éclairer l’intérieur de l’église qu’à indiquer la Présence réelle. C’est une flamme « intérieure » et non « extérieure ». Elle ne brûle pas par soi, elle indique un Autre.
Dans un monde de ténèbres, nous avons besoin de veilleurs. Au milieu des structures de mort qui s’organisent sous un vernis de légalité pour planifier la fin anticipée des enfants à naître aussi bien que des personnes réduites par l’âge ou la maladie, vos prières s’élèvent telle une flamme d’espérance. L’espérance d’un monde juste où toute vie humaine, don sacré de Dieu, sera protégée de sa conception à sa mort naturelle.
Lorsque l’homme écoute la tentante promesse du Serpent : « Vous serez comme des dieux » (Gn 3, 5) et usurpe le droit divin de maîtriser la vie et la mort, alors le paradis est perdu et c’est l’enfer que nous vivons, celui d’un « monde parfait » où seul le plus beau et le plus fort a droit à l’existence. Cette « vision idéale » se révèle être à l’exact opposé du message de l’Évangile qui appelle bienheureux le plus fragile, le plus souffrant, le plus dépossédé (cf. Mt 5, 3-12).
« Veillez et priez », nous dit le Seigneur (Mt 26, 41), parce que « sans [Lui], nous ne pouvons rien faire » (Jn 15, 5). C’est en étant rattachés au Christ que nous pourrons porter du fruit, et beaucoup de fruit. « Toujours aller jusqu’au bout de votre possible dans l’effort comme si la prière n’existait pas ; mais ne rien entreprendre sans prier comme si seule la prière existait », recommandaitMadeleine Delbrêl.
Cette année, nous fêtons le 150ème anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme Patron et Protecteur de l’Église universelle. Lui, le Gardien de la Sainte Famille, chaste époux de la Vierge Marie et Père virginal de l’Enfant-Jésus, il nous apprend à défendre la sacralité de la vie.
Confions-lui tous ces êtres qui ont été mis à mort dans le sein de leur mère, confions-lui la détresse des mères, l’inconscience tragique de ceux qui ont pratiqué l’avortement. Lui qui a libéré Jésus du massacre des Saints Innocents, qu’il fasse de nous et de nos dirigeants des protecteurs de toute vie humaine. Lui qui est le Patron de la bonne mort pour avoir rendu son âme au Père dans les bras affectueux de Jésus et de Marie, qu’il nous rende patients et dévoués au chevet des malades, avec le même soin attentif dont il faisait preuve envers la Sainte Famille.
Que cette nouvelle année stimule notre courage au service de l’Évangile de la vie par l’intercession de saint Joseph, modèle du veilleur dans la nuit.
+ Dominique Rey
Évêque de Fréjus-Toulon